Garry Davis : Quand un homme renonça à sa nationalité pour devenir Citoyen du Monde
- Robin Gomboc
- il y a 1 jour
- 2 min de lecture
Paris, 1948 – Un rêve mondialiste surgit sur les places publiques

Un pilote devenu pacifiste
25 mai 1948
Garry Davis, ancien pilote de bombardier américain durant la Seconde Guerre mondiale, pose un geste symbolique et radical. Il renonce à sa nationalité en déposant son passeport au consulat des États-Unis à Paris. Un geste de rupture, de protestation — contre la guerre, contre les États, contre Hiroshima et Nagasaki. Un geste qui marque la naissance du "Citoyen du Monde".
« Je me souviens du Citoyen du Monde Garry Davis. Il tapait à la machine sur la place du Trocadéro. » Georges Perec, Je me souviens
Le Trocadéro comme territoire libre
12 septembre 1948
Davis installe un campement de fortune sur l’esplanade du Trocadéro, alors territoire international, puisque l’ONU y tient ses séances au Palais de Chaillot. Il y restera jusqu’au 18 septembre, expulsé, mais désormais sous les projecteurs de l’opinion publique mondiale.
Coup d’éclat à l’ONU : « Nous, le peuple »
19 novembre 1948
Coup de théâtre à l’Assemblée générale des Nations Unies.
Davis interrompt la séance pour lire un manifeste mondialiste, bientôt relayé par Robert Sarrazac, son compagnon de lutte.
Un texte inspiré, entre autres, par Albert Camus.
« J’en appelle à vous pour que vous cessiez de nous entretenir dans l’illusion de votre autorité politique. »
« Nous voulons la Paix que seul un gouvernement mondial peut donner. »
Ce moment deviendra historique, capté par les caméras de l’INA, et entrera dans la mémoire militante comme l’une des premières interpellations directes de l’ONU par un citoyen libre.
Le Vélodrome d’Hiver : 20 000 personnes pour un homme sans patrie
9 décembre 1948
Le Vél’ d’Hiv est plein à craquer. 17 000 à 20 000 personnes acclament Davis, qui monte sur scène entouré de partisans et de figures de la Résistance. Pas de drapeaux, pas de slogans guerriers. Juste une foule hétéroclite, unie par une soif de paix et de renouveau politique.
« On aurait dit un enfant découvrant un gâteau d’anniversaire avec toutes ses bougies. » André Fontaine, Le Monde, 11 décembre 1948
Ce soir-là, le Citoyen du Monde devient une figure emblématique d’un nouvel humanisme post-national.
Un Noël sous le signe de la paix
24 décembre 1948
Garry Davis, Robert Sarrazac et deux membres du Conseil de Mondialisation sont reçus par le président de la République Vincent Auriol, lui-même originaire de Revel, ville mondialisée. Un geste fort, une reconnaissance institutionnelle, presque inespérée.
L'étincelle d'un monde à venir
Ce que Davis allume en 1948, ce n’est pas une utopie naïve, c’est un appel courageux à repenser l’ordre mondial. C’est l’idée que la paix ne peut venir des États, mais des peuples eux-mêmes.
Un monde sans frontières, où la souveraineté serait humaine avant d’être nationale.
Un monde que la Route mondiale, la Charte de mondialisation, et les milliers de communes mondialisées prolongeront.
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